Le site des Moulins de France
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Le voyage d’études de la Fédération des Moulins de France se déroulera cette année
du 7 au 9 septembre 2018 en Pays de Savoie.
La cité d’Albertville, notre point de ralliement pour ces trois journées, garde très présent le souvenir des Jeux Olympiques d’Hiver de 1992, organisés par la ville et deux personnalités bien affirmées :

  • Jean-Claude Killy, triple médaille d’or en 1968, l’une des plus nobles figures du ski alpin français
  • Michel Barnier, devenu député européen, chargé de négocier le « Brexit » avec Theresa May.

Ils confirmèrent, s’il en était besoin, la vocation sportive et touristique d’une région que les Jeux de Grenoble, en 1968, avaient propulsée au premier plan.
Dans toutes les mémoires, l’époque des petits ramoneurs savoyards est aujourd’hui révolue, balayée par le développement économique de la région, celui des stations de sports d’hiver, l’attrait qu’offrent nos montagnes aux alpinistes de tous pays et l’empressement de curieux venus du monde entier admirer le Mont Blanc depuis l’Aiguille du Midi…

Cependant, restons modestes, oublions un instant le Mont Blanc pour découvrir, à notre manière, les Pays de Savoie, avant tout pays de contrastes.

  • Contraste climatique entre l’hiver, l’abondance de la neige, la nécessité du chaînage des voitures… et la chaleur de l’été, les splendeurs de l’automne, l’or des mélèzes et le rougeoiement des buissons de myrtilles.
  • Contraste démographique entre grandes villes, dites « de plaine » (selon la météo de Chamonix), Chambéry, Annecy, Albertville, Sallanches, villes de la modernité, et vallées encaissées creusant profondément le massif alpin : vallée de l’Arve au Nord, Tarentaise et Maurienne plus au Sud, isolant des villages perchés, contraignant les habitants à une certaine autarcie, forgeant les caractères, contribuant puissamment à la survivance des traditions et des costumes locaux.

Qui n’a pas assisté à la procession du 15 août dans les rues de Bessans, village couvert de lauzes, ne peut imaginer la beauté des robes moirées, l’élégance des châles couvrant les épaules, la finesse des croix en or, travail d’orfèvres locaux, pieusement conservées au sein de familles heureuses de les offrir à la lumière et à la fête ce jour d’été.

Pas de Musée du Louvre dans nos montagnes, même si Chambéry, jadis capitale du duché de Savoie, s’enorgueillit d’un Musée des Beaux-Arts, du Musée Savoisien et du Musée des Charmettes (souvenir de J.J. Rousseau). Par contre, proches d’une Genève calviniste et transformés par François de Sales en bastion de la Contre-Réforme, les pays de Savoie sont devenus le musée à ciel ouvert d’églises baroques dont certaines sont des chefs-d’œuvre :
Peisey-Nancroix, Champagny en Vanoise, Thônes dans les Aravis, Beaufort et sa chaire.

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Lac d’Annecy. Photo Ghislaine et Patrick CARRERA

 

Montagne et glaciers ont permis la construction de nombreux barrages d’altitude, tel Roseland dont vous pourrez apprécier l’élégance tout en admirant le lac de retenue et les sommets environnants, dont la curieuse « Pierra Menta », donnant son nom à une hivernale mythique et, dit la légende, projetée là par Gargantua… depuis les Aravis !
Comme le Lac Presset au creux de la Pierra, d’innombrables lacs, minuscules joyaux sertis dans la pierraille, s’offrent comme autant de miroirs où se mirent les sommets pour le plaisir des randonneurs. Hélas, ils sont trop discrets pour rivaliser avec leurs célèbres voisins, les lacs d’Annecy et du Bourget plus accessibles au commun des mortels. Lorsque ces mortels s’appellent Lamartine et Elvire1, tout Français évoque spontanément le caractère romantique du lac et le miroitement de l’eau sur fond de « noirs sapins et rocs sauvages » décrits par le poète.

Quant au Lac d’Annecy, l’ampleur et la douceur du paysage se révèlent au long des rives jusqu’à Sévrier, site des fonderies de cloches Paccard, l’une des trois fonderies françaises capables d’accorder un carillon.
La première cloche date de 1796. Depuis, la famille fait résonner l’écho de nos montagnes aux quatre coins du monde, de Montmartre avec la « Savoyarde » (1898), plus grosse cloche de France, à la « Cloche de la Paix », 33 tonnes, plus grosse cloche en volée du monde, à Newport, Kentucky (1999).

L’activité économique de la région est aussi considérable que variée :

  • du tourisme déjà évoqué au thermalisme :
  • eaux minérales d’Évian, cures d’Aix-les-Bains et la Léchère
  • de l’artisanat le plus évolué (Paccard) au pôle de compétitivité de la vallée de l’Arve, numéro 1 français du décolletage de précision, à la mécatronique (Somfy) et aux entreprises plus connues, elles aussi à la pointe de la technologie telles les raquettes à neige TSL (N° 1 mondial), skis Rossignol, roulements SNR et Avions Dassault
  • de la production hydraulique d’électricité, combien précieuse aujourd’hui (barrages de la Girotte, de St-Guérin, la Gittaz, Roselend, Aussois, Mont-Cenis) à l’agriculture locale et surtout à l’élevage
  • des vaches au pied montagnard (une nécessité !), races Abondance et Tarine, qui trouvent une nourriture de choix en alpages. Le travail de l’homme fait le reste : des fromages réputés, Beaufort, tome des Bauges, reblochon.

Vous découvrirez, à la Coopérative de Beaufort, toutes les subtilités du métier à défaut de quelques secrets de fabrication, sait-on jamais, qui font la renommée de ce Beaufort d’été comme d’hiver …
N’oubliez pas, au passage, la visite de l’église, de son retable baroque et d’une chaire de 1720 sculptée par Jacques Clérant, oeuvre que Michel Ange n’aurait peut-être pas reniée !!

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Moulin-scierie de M. Morand à Arhite. Photo Ghislaine et Patrick CARRERA

Et les moulins, nous direz-vous ? Soyez rassurés, nous ne les avons pas oubliés. Ils sont légion sur nos deux départements.
Présents à chacune de nos étapes, vous découvrirez :

  • Le Moulin à papier de la Tourne, son musée de la vigne, proche de secteurs de production aux rudes appellations : « Apremont », « les Abymes », et plus rassurantes : « Chignin-Bergeron »…
  • La scierie et huilerie Morand, toujours en activité au cœur des Bauges, présentées par leur propriétaire et restaurateur passionné de moulins en Savoie, Ain et Jura.
  • À Flumet, le Moulin Rey, sa meunerie à roues horizontales métalliques et la scierie battante mue par turbine, et le Moulin de Tienne, pressoir, meunerie à trois paires de meules et quatre roues horizontales à pales en bois. Site exceptionnel, sauvage et grandiose, dans les gorges de l’Arly. Téléphérique pour la remontée au village de la production du moulin.
  • À Marthod, la Taillanderie Busillet, en état de marche, avec forges, deux martinets, meule à affûter, turbine Girard verticale (injecteur sous 10 m d’eau). L’ordon, trois colonnes de granit de 2 m de haut (partie émergée), les poutres de bois horizontales encastrées dans les colonnes, le sol recouvert des scories échappées du fer battu sous enclumes, la faible lumière voulue pour mieux apprécier la couleur du métal rougi dans la forge, vous transporteront de manière spectaculaire dans l’antre de Vulcain …

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Meule et blutoir du Moulin Rey à Flumet. Photo Ghislaine et Patrick CARRERA

 

Voici, nous en sommes persuadés, beaucoup de raisons pour participer, nombreux, à ce voyage dépaysant et passionnant.

1. Elvire, de son vrai prénom Julie, épouse du chimiste-physicien et inventeur Jacques Charles, premier aérostier à s’élever dans les airs avec un ballon gonflé à l’hydrogène, le 1er décembre 1793, onze jours après d’Arlandes et Pilâtre de Rozier sur leur montgolfière à air chaud.

H. Ruaux
Association des Moulins Savoyards

Paru dans Le Monde des Moulins N°64 – avril 2018


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