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La forge de Montgaillard avait la particularité d’être à l’origine une forge catalane. Ce type de forge était cantonné essentiellement aux cinq départements des Pyrénées. Elles se distinguaient des forges classiques, majoritaires en France, par deux caractéristiques : le système de soufflerie et le fourneau. L’Ariège était le département qui contenait le plus de forges catalanes : 57 en 1840. Ces forges ont disparu en 1884.

Les forges classiques

Dans les forges classiques, la production de fer se faisait en 2 étapes. La première étape était la production de fonte à partir du haut fourneau. Le haut fourneau, important massif de maçonnerie comportant une cuve ovoïde, était chargé par le haut de minerai de fer, de charbon de bois et de castine. La cuisson du minerai permettait de faire 2 coulées par jour. En 1836, un haut fourneau produisait 2 tonnes de fonte par jour. La seconde étape était l’affinage de cette fonte pour obtenir le fer. L’affinage permettait la décarburation de la fonte, c’està- dire d’en retirer le plus possible de carbone, par refusion dans un foyer, puis d’en retirer les impuretés par martelages sous un très gros martinet. Les forges utilisaient les moteurs hydrauliques pour actionner les soufflets du haut fourneau, des foyers de l’affinerie et de son martinet. Souvent ces grosses forges possédaient aussi des installations de préparation du minerai (bocard et patouillet), et de  réparation du fer en produits semifinis (fenderie). Les roues pouvaient donc être nombreuses : la forge de Buffon a possédé jusqu’à 11 roues.

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Forge catalane aux Martyrs – photo A.D. Aude, 4 Fi777

La soufflerie de la forge catalane

La soufflerie de la forge catalane ne comportait pas de soufflet. Le système utilisé, appelé trompe des Pyrénées, aurait été inventé en Toscane au début du 17ème siècle, puis serait apparu dans les Pyrénées au milieu du 17ème siècle. Il était composé de 3 parties :
– Un bassin généralement en bois, qui recevait une partie de l’eau du bief alimentant la forge.
– Deux arbres verticaux évidés d’environ 5 mètres de haut, fixés dans le bas du bassin. D’habitude en bois, ils pouvaient être exceptionnellement en pierre. Ces tuyaux comportent des orifices dans leur partie supérieure.
– Une “caisse à vent” en bas des tuyaux, qui comporte une tuyère alimentant le foyer en vent. 
L’eau du bassin s’écoulait dans les tuyaux, le courant de l’eau créant une dépression permettant à l’air d’être aspiré par les orifices. Arrivée dans la caisse à vent, l’eau se brise sur une planche. Sous la pression, l’eau s’évacue par une sortie basse, et l’air est chassé dans la tuyère pour attiser le feu.

Le fourneau catalan

Le fourneau était beaucoup plus modeste que les hauts fourneaux classiques. Un massif de maçonnerie d’environ 90 cm de haut contenait un creuset où l’on mettait la charge de minerai et de charbon de bois. La charge était réduite à 480 kg de minerai et 405
kg de charbon de bois. La fusion du minerai dans ce creuset produisait directement du fer, sans passer par l’étape de la fonte. Cette opération nécessitait de travailler la masse en fusion au ringard, ce qui était un travail pénible. Il fallait 6 heures pour former une masse de fer de 150 kg. Cette masse était divisée et formée en barres de fer à l’aide du martinet, dont la tête pouvait atteindre 1m30 de long. La production était de 600 kg de fer par jour, donc inférieure à celle d’un haut fourneau.

Autres régions utilisant des techniques voisines

La Corse utilisait quasiment la même technique avec trompe à eau et réduction du minerai directement en fer dans un creuset. Ces forges, dites génoises, étaient apparues vers 1630 en provenance d’Italie. La trompe corse faisait 8 à 10 mètres de haut, sans bassin de pression, et la caisse était remplacée par un bassin voûté en pierre. Il a existé seize forges en Corse entre le 16ème siècle et le 19ème siècle.
La Savoie et le Dauphiné utilisaient la technique bergamasque, qui produisait de la fonte à partir d’un fourneau de forme et de proportions un peu différentes de celles des hauts fourneaux classiques. Par contre la soufflerie utilisait encore une trompe, dont la première mention à Allevard remonte à 1645. Elle comportait également un tuyau vertical qui aboutissait dans un bassin circulaire en bois assemblé comme les tonneaux. Pour un fourneau, il y avait en général 3 trompes.

Stéphane Mary – Article paru dans le Monde des Moulins – N°5 – juillet 2003

Catégories : Technique

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