La centrale hydroélectrique au siège de l’usine Nestlé a été mise en eau sur la Marne.
Une turbine hydroélectrique permettra de couvrir un quart de la consommation électrique du site. Son installation intervient alors que de nouvelles rumeurs de déménagement circulent.
Retour aux sources pour le site classé de Nestlé France, à Noisiel. Une centrale hydroélectrique sur la Marne, adossée au Moulin Saulnier, vient d’être inaugurée. La force motrice de l’eau avait été utilisée pour la dernière fois en 1977 dans l’ancienne chocolaterie Menier, après une lente régression depuis la Seconde Guerre mondiale.
La turbine de 32 tonnes a été mise en eau après un an de chantier. Des travaux minutieux, à seulement 50 cm du bâtiment classé. « Cela prouve que l’on peut faire des travaux modernes avec un monument historique », souligne Olivier Manteau, directeur des projets Île-de-France d’Engie Cofely.
Fabriquée en France, la turbine a une puissance de 466 kilowatts et tourne, entraînée par une chute d’eau de 3 m. « Il y a 25 ans, je me disais qu’il était dommage d’avoir une chute d’eau et de ne pas en profiter. Lorsque la direction de Nestlé m’a fait savoir qu’elle voulait installer une turbine, j’ai appuyé le projet », se souvient Daniel Vachez, le maire de Noisiel. Il a fallu deux ans pour obtenir les autorisations.
« Nous ne faisons pas de l’énergie verte pour faire de l’énergie verte. C’est un véritable projet économique avec un retour sur investissement », indique le directeur général de Nestlé. La production sera réinjectée directement dans le réseau électrique et permettra de couvrir 25 % de la consommation du siège, soit en moyenne 2300 MWh par an.
L’économie annuelle d’émission est estimée à 190 tonnes d’équivalent CO2, ce qui correspond à « 20 fois le tour du monde en voiture ». « Nous voulons aller vers de petites installations locales qui ne polluent pas », ajoute Jean-Pierre Moneger, directeur général d’Engie Cofely.
La turbine est « ichtyo compatible », c’est-à-dire qu’elle respecte la vie aquatique. Elle tourne lentement et les pâles sont suffisamment espacées pour permettre de laisser passer 99 % des poissons. Un test a été réalisé avec des anguilles, lâchées en amont de la turbine. Elle devra être remise en état tous les 16 ans.
Les Voies Navigables de France annoncent sept projets de centrales en Seine-et-Marne. Elles ont signé une convention de partenariat avec Quadran, producteur d’électricité verte en France, en novembre 2016, pour développer « sept projets de centrales hydroélectriques sur la Seine et la Marne ».
« Les résultats de l’appel à projets petite hydroélectricité de l’État, qui donne un complément de rémunération aux projets des élus et garantit ainsi leur rentabilité, ont été présentés par Ségolène Royal le 27 avril », expliquent les VNF (Voies Naviguables de France).
Quatre sites ont été déjà été retenus : le barrage de Meaux, les écluses de Bougival et de Carrières-sous-Poissy (Yvelines) et le barrage de Port-à-l’Anglais (Val-de-Marne). Chacun pourra produire dix gigawatts, injectés directement sur le réseau Enedis, la filiale distribution d’EDF. « Nous déposerons les autorisations administratives d’ici au début de l’année prochaine. La démarche de VNF est novatrice. Les VNF souhaitent valoriser le potentiel hydraulique de leurs ouvrages existants », ajoute Lionel Foulquier, du groupe Quadran. Le premier site pourrait être lancé à la mi-2019.
Ancienne chocolaterie Menier à Noisiel, transformée en usine hydroélectrique : le Moulin Saulnier (1872), sur la Marne. Wikimedia
Le Parisien -Julie Olagnol J. O. – 29 octobre 2017
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