Le site des Moulins de France
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Le moulin de Neylis, référencé sur la carte n°39 de Cassini est situé sur la commune du Carla de Roquefort (Ariège) en contrebas de la route touristique Laroque d’Olmes – Foix, non loin de la rivière Le Douctouyre. Il est situé aux portes du Pays d’Olmes dans les Pyrénées Cathares.

ORIGINES

On trouve les premières traces du moulin dans les anciennes archives des ducs de Lévis- Mirepoix, déposées aux archives départementales de l’Ariège. Dans le cartulaire rédigé par Pasquié et Olive, nous pouvons
lire que Roger Bernard de Lévis 1er fi t son testament à Montpellier le 5 octobre 1388. « Il déshérite son fi ls aîné Jean de Lévis III, en faveur de Gaston de Lévis III, seigneur de Léran, son cousin, qu’il institue son héritier général et universel, lui substituant son frère Bertrand de Lévis-Léran ; et si Gaston venait à répudier sa succession, il veut qu’elle soit recueillie par le roi de France. Il renouvelle en faveur du monastère de Lagrasse, la donation du château et lieu de Lavelanet, des localités de Dreuilhe, Péreille et du Sautel, Ilhat, Roquefort, des Issards, de la forêt de Pichevaque et des moulins du Carla, qu’il lui avait cédés le 4 février 1385 ; il donne aux Frères Mineurs de Mirepoix 4000 francs d’or ; à ceux de Carcassonne, 300 livres d’or. » Le Traité de Paris de 1229, dans son article 15 prévoyant que la Terre du Maréchal (titre pris par Guy 1er de Lévis en 1209) soit laissée à Guy de Lévis II, il se voit à nouveau attribuer les terres de Mirepoix et le Pays d’Olmes pris dans le domaine du comté de Foix.
Nous pouvons penser que le moulin date de cette époque (et même avant), construit sur une terre du seigneur de Lévis ; le canal d’amenée réalisé par la main de l’homme avec au départ la construction de la chaussée en travers de la rivière du Douctouyre appartenant aux Lévis.
D’autres traces du moulin bladier ( à farine) fi gurent dans une reconnaissance de 1499.

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Archives Lévis.

Les reconnaissances féodales de la seigneurie du Carla au profi t de Louis François Marie Gaston comte de Lévis du 24 décembre 1751 rappellent que le seigneur possède deux moulins fariniers banaux auxquels tous les habitants du lieu sont tenus de moudre leurs grains.
Au moment de la Révolution, Louis François Marie Gaston part pour l’Italie. Ses biens seront saisis et vendus comme bien nationaux. En 1794, au district de Tarascon, Fournié et Subra laissent le moulin à Marc Expert. En 1839, Joseph Chryostome Clotes et Alexandre Vidal font procéder à un nivellement de leur bien. A partir du 25 septembre 1862, il fait partie du patrimoine de la famille Pujol, Bertrand Pujol et son épouse Elisabeth Sarda l’ayant acquis par adjudication. L’un des descendants, Robert Pujol, l’a conservé jusqu’en 1972, le vendant à Roger Allard.

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L’intérieur du moulin en septembre 2009.

INTERET TOURISTIQUE ET PATRIMONIAL

Des travaux de restauration ont été entrepris en 1857 par la famille Pujol (inscription sur la porte conduisant au bief ainsi qu’au jardin). Les actuels propriétaires le restaurent depuis 2007. Tout a commencé par l’isolation du pla fond en conservant les poutres apparentes et sans rien changer à l’intérieur. Des fenêtres isolantes ont remplacé les anciennes vétustes. Les fenêtres et volets de toute la bâtisse ont été repeints, donnant ainsi un autre aspect du lieu, fl euri et visible depuis la route. Le moulin de Neylis, fondé en titre, puisque, répétons-le, il fi gure sur les cartes de Cassini, géographe du roi Louis XV, vendu comme bien national saisi à un émigré, fait partie du patrimoine historique du village, au même titre que les restes du château féodal que l’actuelle municipalité veut préserver.

Les moulins et les habitations riveraines sont des lieux entretenus par leurs propriétaires et donc agréables à regarder et pour certains à visiter. Situé dans le périmètre du Pays des Pyrénées Cathares, le moulin de Neylis au Carla de Roquefort est proche du chemin de randonnée Roquefort les Cascades – Dun. Une variante pourrait être proposée au passage par le centre du village. Il suffi rait depuis le chemin des Escroses, près de la Verbe, de partir en direction de Lavelanet puis prendre la passerelle sur le Douctouyre et longer le canal d’amenée par le chemin communal (qui devrait être réouvert) pour arriver au moulin. Il possède ses trois paires de meules en état. Plusieurs clients de chambres d‘hôtes (la maison de Roquefort par exemple) ont été admiratifs devant ce patrimoine culturel et historique. Les élèves du regroupement  pédagogique de la haute vallée du Douctouyre – et donc du Carla de Roquefort – pourraient découvrir le fonctionnement et voir comment l’industrie a pu démarrer grâce à l’énergie hydraulique. Au moment où l’on parle de Grenelle de l’environnement, d’énergies nouvelles, voir le moulin de Neylis éclairé par la force de l’eau du Douctouyre serait un émerveillement pour les générations futures.

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Le canal du moulin

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La chaussée menacée

LA DISPARITION DE LA CHAUSSEE : UNE CATASTROPHE.

A l’heure actuelle, une autorisation d’effacement du seuil a été sollicitée auprès des services de la préfecture par la commune, actuel propriétaire du sol.

Le canal d’amenée du moulin, avec la chaussée érigée sur le Douctouyre a appartenu à la société de pêche de Lavelanet qui l’avait achetée à M. Allard, le notaire ne faisant pas de mise en garde. Alors que le gendre de M. Allard proposait au président de cette même société de la racheter, c’est la mairie du Carla de Roquefort qui en est devenue propriétaire.
Le nouveau maire du village a été informé que le moulin est fondé en titre, possédant des droits imprescriptibles.
Lors de la pré-étude d’aménagement foncier présentée en 2004, il était envisagé la création de deux passes à poissons sur le Douctouyre, classé en première catégorie, dont le coût s’élevait aux alentours de 12000 à 15000 euros. Actuellement on parle d’effacement des seuils et la facture serait de l’ordre de 80000 euros.
Des inondations à l’Ascension en 1977, en janvier 1981, en 1991, en 1992, le 24 septembre 1993, le 30 novembre et 1er décembre 1996 ont ravagé les terres en aval de la mécanique au Carla de Roquefort. Qu’en sera-t-il demain si les chaussées construites il y a des siècles venaient à disparaître ?
Le maintien en place d’ouvrages hydrauliques ne pose pas les problèmes que leur effacement créerait. En effet, l’effacement des seuils provoque des phénomènes d’érosion qui peuvent avoir des conséquences fort coûteuses à la charge du contribuable.
L’érosion, selon Jean Pierre Henri Azéma, docteur en géographie, un des rares consultants français spécialiste des moulins, provoque l’effondrement des terrains et la chute des arbres. L’entretien des rivières en est naturellement rendu plus diffi cile. Il faut savoir que la fi xation d’une berge est toujours un travail délicat et de longue haleine.
Le maire du Sautel, Richard Moretto, vice-président de la communauté des communes du Pays d’Olmes chargé du développement durable, président des agriculteurs du Pays d’Olmes abonde dans le sens du géographe : « L’effacement d’une chaussée est un acte grave qui a pour effet de déstabiliser l’équilibre de la rivière et qui a pour conséquence l’abaissement du lit mineur du cours d’eau et donc l’effondrement des berges.
Nous avons le cas dans le secteur de Dun sur le Douctouyre mais aussi à Lagarde avec l’Hers.
Il faut prendre en compte en plus de l’aspect physique, ici, l’aspect patrimonial de cet ouvrage (le moulin de Neylis) de près de huit siècles qui devrait être labellisé dans le cadre du Pays d’art et d’histoire du Pays des Pyrénées cathares. De son côté, Marc Meurisse, professeur à l’université Pierre et Marie Curie affi rme que le retour à l’état naturel d’origine est une grave erreur. L’état actuel des rivières résulte d’un équilibre qui a mis des décennies, voire des siècles (huit dans le cas de Carla) à s’établir suite aux travaux réalisés. La suppression des seuils entraînerait des modifi cations du faciès, préjudiciables aux poissons, pendant des années.

Pour ces raisons supplémentaires, le seuil, la chaussée alimentant le moulin de Neylis, ne doivent pas être détruits. Ce moulin a participé durant des siècles à l’essor de l’économie locale, aujourd’hui dans un bassin d’emploi sinistré, il peut encore y prendre part. Au coeur ce pays des Pyrénées Cathares, il a sa place !

Remerciements de la famille Allard-Suilhard du Moulin de Neylis.
« Vous avez été nombreux sur Internet mais aussi sur papier à signer la pétition pour la défense du Moulin de Neylis au Carla de Roquefort. Soyez-en chaleureusement remerciés. Puissent les efforts déployés par les uns et les autres aboutir. Je voudrais également remercier du fond du coeur Michel Des Accords pour son aide précieuse dans l’instruction de cette affaire ainsi que les responsables de l’association des Amis des Moulins de l’Ariège qui soutiennent notre famille depuis le début. Dans ces remerciements, il faut aussi inclure le bureau de
la FDMF. Merci à tous… et que 2010 soit une année bénéfi que pour tous les moulins de France !»
Marie Claude et Patrick Suilhard

Marie Claude et Patrick Suilhard – Extrait de l’article paru dans le Monde des Moulins – N°31 – janvier 2010

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