À Saint-Hilaire-des-Landes, Bernard Chevallier et son épouse Gisèle habitent depuis plus de trente ans au Moulin de Faucillon. Le bâtiment remonte au moins au XVe siècle.
« C’était ce qu’on appelait un moulin banal, utilisé par la seigneurie de Tréal » souligne Bernard Chevallier. Parole d’expert : il est le président du Club d’histoire Entre Everre et Minette.
La Minette, justement : c’est l’affluent du Couesnon qui coule à Faucillon. D’autres documents l’attestent : le moulin y a tourné jusqu’en 1916, puis la meunerie a été abandonnée, comme dans des centaines de moulins partout en France. Pendant des décennies, le silence a succédé au bruit chantant de l’eau brassée.
Pas loin, le saumon remonte
Une fois à la retraite, Bernard Chevallier s’est attelé à un vieux projet : réinstaller une roue sur le moulin. Mais au XXIe siècle, la chose n’était pas si aisée. « Déjà au début des années 70, l’aménagement foncier avait failli détruire le bief qui alimentait le moulin » explique Bernard. L’époque était au calibrage des cours d’eau. Tant pis pour la poésie. « Heureusement, en 1976, mon beau-père a réussi à sauver ce bief. »
Beaucoup plus tard sont arrivées d’autres injonctions administratives. « La loi sur l’eau et les milieux aquatiques, et la loi sur la continuité écologique promouvaient notamment la remontée des poissons en amont des cours d’eau. Ici, c’est le cas des saumons et des anguilles. Et beaucoup de moulins ont dû détruire ces biefs… »
À Faucillon, une autre solution a pu être trouvée, en partenariat avec le Syndicat Loisance-Minette. Le bief a été maintenu, mais Bernard Chevallier a aménagé une échelle à poissons qui leur permet de poursuivre leur remontée sans problème vers l’amont. Le début d’une série de travaux importants, que le jeune retraité a débutés en 2014. Ou comment un directeur de piscine se transforme en aménageur de moulin.
Une roue de deux tonnes
Les 350 mètres de bief de Faucillon ont été curés, désenvasés et nettoyés. Des vannes de décharge ont été installées juste avant la roue, pour réguler d’éventuelles crues. La nouvelle roue pèse deux tonnes, avec huit rayons et trente-deux pales de chêne de pays et d’azobé (un bois exotique idéal pour les rayons). Les premiers tours de roue ont été effectués dans les tous derniers jours de 2016. Une date importante, pour marquer le centenaire de la roue précédente.
Prochaine étape : l’axe de la roue est prêt à accueillir une génératrice, qui pourra fournir de l’électricité à la maison voisine. « Si tous les moulins de ce genre en France étaient équipés de roues, cela équivaudrait à deux tranches de réacteur nucléaire » sourit Bernard Chevallier, dont la sensibilité écologique n’est plus à démontrer.
Article vu dans Chronique Républicaine, publié le 25 janvier 2017 par Hervé Pittoni
Article paru dans le Monde des Moulins n°60 d’avril 2017
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