Le site des Moulins de France
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La Savoie, quand on ne lui connaît que ses cimes et ses vallées de neige et de glace, c’est réduire toutes ses qualités et découvertes. Bonne idée que de faire une assemblée générale à Annecy…et la Présidente Deschamps est si gentille…et si dévouée, chère Marise. Nous voici donc partis avec plein de bonnes intentions vers l’Est.
Les premiers arrivés ont pris connaissance avec un bâtiment à Arith ( à 25 km au sud d’Annecy) où Georges Morand a fait visiter huilerie, scierie et pressoir à pommes. Ce bien lui est parvenu de son grand-père et de sa mère. Il y est fort attaché et a refait la grande roue à aubes qui fait fonctionner l’usine. On a rarement vu tant d’activité en un seul lieu. C’est aussi cela la Savoie, étonnante et sauvage. Pendant que les membres du Conseil siégeaient, certains ont visité la fabrique de cloches de la fonderie Paccard, à Sevrier, tenue depuis sept générations, qui fournit les cloches les plus grosses dans le monde entier (jusqu’à 32 tonnes) ainsi que des carillons.

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Moulin de Pierre Rey à Flumet (73), le rouet tourne – photo G.Biotteau

La Fédération Des Moulins de France sur le sentier de l’aventure, ses membres en alerte et de tous leurs sens aux aguets, c’est un guide par car et deux cars pleins, vrombissant sur les routes et même à l’intérieur : il faut bien faire partager ses impressions. Les cars nous ont “enlevés” à 7 h 30 et nous découvrons les sites offerts à nos yeux encore mal éveillés, le long d’une montagne (elle aussi endormie) . Déjà en hauteur, au nord d’Annecy, proche
du plateau des Glières au passé lourd de souvenirs de la Résistance, nous apercevons l’énorme complexe de la scierie où nous nous arrêtons pour visiter le “Châtelet”, moulin de Cornier, appartenant à Charles Constantin. Hubert Ruaux nous évoque par le menu le fonctionnement des excentriques utilisés pour faire avancer le ruban qui scie l’arbre couché, docile. Les troncs jonchaient les sols tandis que les deux roues en fer, à godets, attendaient que l’eau jaillie les fasse tourner. Un train de scierie qui vous taille un arbre de 4 mètres en 5,6 ou en 23 minutes selon les deux cônes utilisés… genre boîte automatique des petites cylindrées automobiles DAF. La vanne est levée… L’eau jaillit du petit bassin de retenue en amont par un long tuyau de 10 à 12 mètres, sur cette roue en fer de 6,5 mètres de diamètre et de 50 centimètres de large qui porte 60 godets serrés. L’autre roue est immobile,
inerte.

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De gauche à droite : Jean Moreau, Yves Ruel, Marise Deschamps, Patrick Agard et Jean-Pierre Azéma – Photo Ph Borgella.

Au sud d’Annecy, en direction de la Tarentaise, longeant le Beaufortain, le car nous régale d’une route, régulière et ensoleillée, vers Moutiers, dans un petit pays : Aigueblanche. Le maire nous explique l’origine de ce nom qui
parle “d’eau-blanche” et du moulin qui va renaître. Ce voyage permit à notre guide Michel Velay, de nous narrer les valeurs de ce pays, de 1635 (4 moulins à papier), au cadastre de 1730 où l’on reconnaît un moulinforge à 9 piles sur Faverges. Las ! La peste va endeuiller la région pendant un long temps stoppant le renouveau jusqu’en 1676 où 3000 mousquets sont fabriqués par an… 9 moulins à martinets, 2 fonderies de cuivre, 5 clouteries, on fabrique à nouveau des couteaux et des épées, et en 1817, le frère Jean de Lyon obtient l’autorisation de monter une usine-privilège pour fabriquer des ustensiles de cuisine, des rails de chemin de fer (1860) et une fonderie et laminage d’aluminium.
1914… problème connu : c’est la guerre ! Aigueblanche…eaublanche… la commune se penche sur un passé prestigieux à remettre en fonctionnement sur la route touristique qui mène à la Maurienne. Sur le panneau du chantier on peut lire : 20 octobre 2003 Leger Paul n°7300303…158m2 moulin à huile ancien… remise en état. Merci, nous reviendrons le voir, fini !

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Marthod – photo Ph. Borgella.

Nous voici proche de la taillanderie de Marthod. Un conseiller municipal nous y accueille, commentant les divers états de ce lieu, bien conçu, aux pièces claires, à l’équipement complet. Sur une facture de Michel Busillet, taillandier, le patron-spécialiste des instruments “sapis” et haches en tous genres, à la “tyrolienne”, à la “bergamasque”, datée du 24 avril…mais de 1936 : acier doux, barres carrées 35×12…A5 de 55×18 . Espérons que le destinataire, Mr Vicher, a été bien livré ! Les outils présentés sont d’une beauté que l’on pense impossible à réaliser , tant par les formes que par le fini, en nos temps actuels et malgré (ou à cause) de la technicité automatique.
En particulier la hache du concours de bûcherons. “Le forgeron, créateur du Monde”, maître du feu… Voici ce que le premier panneau explicatif note avant que l’on approche des deux martinets de la forge, soudain réveillés par le geste précis qui ouvre l’arrivée de l’énergie hydraulique vers les cames. Un tout petit cours d’eau… une si grande puissance ! La commune a bien fait de redonner vie à ce site antique.
Le soir, devant une assemblée de 130 personnes, Hubert Ruaux présente un diaporama sur la région avec des images d’une beauté à couper le souffle et Marise une admirable histoire des sites entrevus.
Le lendemain, c’était l’assemblée générale et la réception de nos amis italiens dans une Fédération d’amis et de passionnés . Un grand merci pour tout.

Philippe Borgella – Article paru dans le Monde des Moulins – N°9 – juillet 2004


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