Le Rhône à Paris (1)
Le Rhône à Paris ! Non point ses eaux – qu’il est, d’ailleurs, question d’amener par un aqueduc – mais son énergie recueillie sur un simple câble d’aluminium qui apportera aux portes de la capitale le courant électrique.
Tel est le projet grandiose d’abord regardé comme un peu utopique, puis approuvé par une commission d’une compétence indiscutable, et dont la réalisation semble prochaine.
On n’attend qu’un vote de la Chambre.
Ceux qui ont aperçu le Rhône, ample et majestueux, entre Lyon et Marseille, qui ont vu le fl euve à sa naissance, torrentiel et boueux, mais s’étalant sans obstacle dans une vallée bien ouverte jusqu’au Léman, ceux-là, même si la fantaisie leur prit un jour d’aller contempler le gouffre de Bellegarde, ne sauraient soupçonner l’aspect du haut Rhône français.
Dès son entrée sur notre territoire, le fl euve coule dans une gorge étroite, la plupart du temps inabordable, dont les parois à pic forment, entre Bellegarde et Génissiat, sur un parcours de 8 km, un cañon grandiose.
Après une chute de 15 m, à Bellegarde, dans un ravin de 60 m de profondeur, le Rhône accentue son cours tourmenté. Resserré entre deux murailles de calcaire, au profi l sinueux et chaotique, il arrive au Pas de Malpertuis, où c’est une stupeur de voir un fl euve puissant, d’environ 50 m de largeur, réduit subitement à une lame d’eau de 1,65 m de largeur comprimée entre les parois étranglées du rocher.
Le torrent fait alors un nouveau saut de 9 m pour s’épanouir en écumant dans le cañon élargi qui présente en cet endroit une vue d’ensemble admirable.
Sous cette forme pittoresque, le Rhône témoigne d’une puissance formidable. En amont de la Perte, entre la frontière suisse et Bellegarde, il présente une dénivellation de 29 m. A l’aval, entre la Perte et Génissiat, la différence est de 27 m, soit, avec les 14 m de chute à la Perte, un écart total de 70 m représentant une force de 80 000 chevaux en étiage et de 320 000 chevaux en hautes eaux, ce qui permettrait de produire annuellement 1 300 millions de kilowatts-heures, soit plus de quatre fois la consommation totale actuelle de Paris.
Caractéristiques du barrage de Génissat (2)
Sur la commune d’Injoux-Génissiat (Ain), le barrage hydro-électrique, dont la construction représenta le plus grand chantier de France à l’époque, permet de régulariser les débits du fl euve. Réalisé entre 1937 et 1948, le barrage de Génissiat s’inscrit dans une politique d’aménagement intégral de la vallée du Rhône, et cela autour de trois objectifs : navigabilité, production électrique, irrigation. Le barrage fait : 104 m de hauteur avec fondations, 100 m d’épaisseur à la base, 9 m d’épaisseur au sommet, 40 m de longueur en haut et 140 m de longueur entre les deux falaises. La hauteur de la chute est de 165 m. Deux évacuateurs de crues ont été prévus, l’un à l’air libre sur la rive droite avec chute en spirale, l’autre souterrain, sur la rive gauche. Le barrage utilise des turbines à axe vertical.
Photo la Poste
Ce timbre représentant le barrage de Génissiat, a été dessiné et gravé par Gabriel-Antoine Barlangue. De format 36 x 21,45 mm, de dentelure 13, de couleur rouge carmin, imprimé en taille douce rotative à 50 timbres par feuille, il a été émis à 2 millions d’exemplaires. En vente générale le 21 septembre 1948, de valeur faciale 12 F, il a servi à l’affranchissement de la carte postale pour l’étranger jusqu’au 30 novembre 1948, et à l’affranchissement de la carte postale pour l’intérieur à partir du 1er décembre 1948. Il a été retiré de la vente le 12 février 1949.
(1) L’ILLUSTRATION n°3604 du 23 mars 1912
(2) Site du Ministère de la Culture (juillet 2008 à l’occasion des 60 ans du barrage de Génissiat)
L’ILLUSTRATION et Site du Ministère de la Culture
Article paru dans le Monde des Moulins – N°40 – avril 2012
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