Le vendredi 3 décembre 2010 à Petit-Mars, au nord de Nantes, la Fédération des Moulins de France et EDF coorganisaient avec les Pépinières du Val d’Erdre une réunion technique nationale « Moulins aérogénérateurs : Energie verte et préservation du Patrimoine ». L’objectif était d’échanger, dans le cadre des lois du Grenelle de l’Environnement, sur les nouvelles possibilités de production d’électricité des moulins à vent, d’un point de vue technique, économique et réglementaire.
Cette réunion technique est le fruit d’un partenariat entre la FDMF et EDF pour favoriser le développement des énergies renouvelables, en particulier, celles issues des moulins.
Illustré par la réhabilitation du moulin des Places, premier moulin aérogénérateur à bénéficier du tarif d’achat éolien et propriété des Pépinières du Val d’Erdre, ce colloque fut l’occasion de faire le point sur le contexte administratif et réglementaire lié à la production d’énergie des moulins et de préciser les conditions pour bénéficier du tarif d’achat éolien. Dans ce cadre, Monsieur Serge Poignant, député de Loire-Atlantique et rapporteur auprès de l’Assemblée Nationale de la loi de Grenelle 2, a exposé les enjeux du Grenelle de l’Environnement et la place des énergies renouvelables dans la production d’électricité.
En complément, les aspects techniques et économiques de la rénovation de moulins aérogénérateurs furent abordés avec les professionnels intervenant dans la rénovation de moulins (ingénierie, menuiserie, automatisme, électricité,…).
Associé à la visite du moulin des Places, ce colloque a permis aux participants de collecter toute l’information nécessaire à la reproduction de la démarche effectuée par Mr Jean-Marc Auray, propriétaire du Moulin des Places. A leur tour, ils pourront être acteurs du développement durable en conjuguant réhabilitation d’anciens moulins à vent et développement d’énergie renouvelable.
La FDMF estime que la prospection peut se faire sur trente départements français et qu’au minimum, une centaine de moulins à vent pourraient produire de l’électricité.
Pour faire suite à cette première rencontre en Loire-Atlantique, la Fédération Des Moulins de France, informe que des partenariats sont en cours de discussion, avec différents acteurs, professionnels spécialistes de la rénovation des moulins aérogénérateurs, afin de faciliter les démarches de développement des projets. D’ores et déjà, la FDMF s’organise pour informer tous les propriétaires de moulins à vent qui le souhaitent (particuliers, associations, collectivités et entreprises) et les aider à étudier l’intérêt de lancer une étude. Elle sera apte, d’autre part, à proposer un pré-diagnostic à ses adhérents.
Un compte rendu de ces journées est en cours de réalisation et sera disponible courant premier trimestre 2011. Nous tenons à souligner que cette opération d’envergure a pu voir le jour grâce à Michel Mortier qui fut le précurseur de cette idée nouvelle en transformant le moulin de la Fée en aérogénérateur. Il reste le spécialiste incontournable en ce domaine.
Le Moulin des Places à Saint-Mars-du-Désert (44)
Le moulin des Places est le premier moulin aérogénérateur à bénéficier d’un certificat d’obligation d’achat obtenu, suite à la loi du Grenelle 2 du 12 Juillet 2010.
La demande a été faite par Mr Jean-Marc Auray (propriétaire du moulin des Places) à la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) des Pays de la Loire, et le certificat d’obligation d’achat a été signé le 16 août 2010, pour permettre enfin un raccordement au réseau et l’obtention du contrat d’achat en octobre 2010. Trait d’union entre le passé et le présent, le « Grand Moulin des Places », est devenu en 2009 un moulin aérogénérateur, produisant de l’électricité verte.
Cet ancien moulin à farine date du XVIIIème siècle.
Il a été exploité par un meunier, jusqu’en 1948. A l’époque, avec le vent comme force motrice, il pouvait écraser deux tonnes de blé par jour.
Aujourd’hui, ce moulin tour de quatre niveaux, équipé d’une voilure du type « Berton », dispose d’ailes en lamellé-collé de sapin de dix neuf mètres d’envergure. Sa charpente est en chêne, sa volige en peuplier et sa coiffe est couverte en bardeaux de châtaignier. Le Grand Moulin des Places est équipé d’un papillon d’orientation automatique, qui permet aux ailes d’être toujours correctement orientées par rapport au vent. Il a bénéfi cié de l’expérience du prototype du moulin de la Fée à Saint Lyphard (44). Ce concept « novateur » pour redonner une seconde vie au moulin est une grande nouveauté technique concernant la réhabilitation des anciens moulins à vent producteurs d’énergies renouvelables.
Au Grand Moulin des Places, dix mois de travaux se sont succédés en diverses étapes.
Démontage de l’ancienne charpente, maçonnerie, charpente, mécanisme et montage sur site, couverture, installation du mécanisme, étanchéité, assemblage des ailes, aménagement intérieur, levage charpente et ailes, génératrice électrique et automatisme, raccordement au réseau et réglages.
Le fonctionnement
Le fonctionnement est géré par un automate qui pilote l’ouverture des ailes et la mise en sécurité. Il s’occupe également de synchroniser le courant produit avec le réseau électrique. Une automatisation totale du fonctionnement permet de produire de l’électricité en toute sécurité, sans exiger de présence humaine, contrairement au fonctionnement classique des moulins. Un motoréducteur de vingt huit tours/minute permet la multiplication de la vitesse entre l’arbre qui supporte les ailes et la génératrice.
La mise en place d’une station météo relève l’hygrométrie, la vitesse du vent et la température et donne ainsi les indications à l’automate. Le papillon d’orientation de la tonnelle agit pour mettre les ailes dans le sens du vent. Le moulin est raccordé à la ligne existante qui traverse la pépinière.
Bilan de l’opération
Une puissance électrique maximale de 35 KW et une production attendue de 70 MWh/an Le moulin a retrouvé son aspect originel, avec ses ailes. Cette réhabilitation réussie allie une valorisation du patrimoine et la production d’énergie renouvelable, par le biais de son contrat d’achat d’énergie éolienne.
Les principaux acteurs du projet de la rénovation
ABB : Leader mondial dans les technologies de l’énergie et de l’automation, ABB aide ses clients à utiliser efficacement l’énergie électrique et à accroître durablement leur productivité industrielle, tout en réduisant l’impact de leurs activités sur l’environnement. Le groupe ABB est présent dans environ cent pays et emploie plus de cent quinze mille personnes.
CROIX : L’entreprise Croix, fondée en 1850, restaure des moulins à eau et à vent dans toute la France. Entreprise indépendante, basée à La Cornuaille dans le Maine-et-Loire, les équipes de Thierry Croix conçoivent et réalisent la charpente, la couverture et les ailes pour faire revivre les moulins d’antan.
EDF OPTIMAL SOLUTIONS : EDF Optimal Solutions, filiale à 100 % du Groupe EDF, conçoit et conduit l’intégralité de projets sur mesure d’efficacité énergétique et énergies renouvelables, de la conception au suivi de chantier, et jusqu’à la maintenance et le suivi des installations. Leurs cent trente collaborateurs, dont soixante experts énergéticiens, sont répartis sur l’ensemble du territoire national, au sein de huit agences.
I2D CONSEILS : I2D Conseils, bureau d’études dont le siège social est basé à Angers, intervient sur l’ensemble du territoire. Spécialisé dans les études énergétiques et les énergies renouvelables, I2D Conseils assure la maîtrise d’oeuvre pour les projets d’équipements en aérogénérateur des moulins .
JURET : La société Juret a développé ses activités en Bretagne et Pays-de-la-Loire autour des métiers de l’installation électrique, du génie climatique, des réseaux et automatismes. Travaux neufs ou réhabilitation mais aussi maintenance préventive et corrective.
Paru dans le Monde des Moulins n°35 de janvier 2011
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