Le site des Moulins de France
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Cette année 2013, notre voyage d’étude s’est déroulé les 20, 21 et 22 septembre.
C’est au professionnel meunier que je suis qu’il revient le plaisir de vous le raconter.
Notre périple a commencé par un repas, c’était de bon augure ! J’en profite pour préciser que tous les suivants furent d’excellente qualité, avec des spécialités à base de produits régionaux, dont les vins.
Après nous être restaurés, ce fut la découverte du moulin à vent de Dautin. Sa différence est qu’il n’est pas équipé de moteur de substitution, et c’est grâce à ce fait, rarissime aujourd’hui, que le meunier, après un brillant exposé de la technique du système Berton, nous décrivit le véritable démarrage à « la barre » du « volant d’ailes », opération réalisée aujourd’hui par les néo-meuniers en connectant le moteur électrique. Puis ce fut Vézelay et sa basilique Sainte-Marie-Madeleine ; personne dans notre microcosme n’ignorait l’existence du chapiteau orné du célèbre moulin, peu avaient entendu son explication symbolique, si brillamment relatée par un jeune moine érudit. Dégustation et repas furent suivis d’une présentation rétrospective et interactive commise par votre serviteur, sur tous nos voyages d’études depuis 2002.
Des photographies de choses vues (parties de moulins, bâtiments, paysages) furent projetées.
L’assistance devait les localiser et les commenter. Compte-tenu de l’enthousiasme que suscita cette expérience, il me semble qu’il faut s’en inspirer pour animer de façon
ludique et légère nos soirées, lors de nos sorties.

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Les sabots au séchage. Photo Alain Mazeau.

À l’heure où l’aube n’avait pas encore blanchi la campagne, nous partîmes pour la saboterie Marchand, les machines issues du génie industriel du XIXe siècle, encore actives, chantent toujours la gloire du travail manuel. Plus loin, dans un petit moulin sur le Ternin, certains découvrirent l’intégration réussie d’un habitat, dans les vestiges d’une salle de mouture : « grue de levage des meules » transformée en lustre tournant. D’autres étaient admiratifs, à l’extérieur, devant une très belle meule en silex rhabillée par un maître. Durant la ballade pédestre le long du ruisseau, pour rejoindre le Moulin de Marnay, notre ami Marc Meurisse, comme à son habitude, nous dévoila de nombreux secrets géologiques. À l’arrivée, une surprise m’attendait : me voilà devant une de ces machines hybrides dont je raffole. Ici, nous avons découvert l’un de ces nombreux essais de moulins compacts, faits par les constructeurs pour offrir une alternative rapide au meunier à meules, en remplaçant leurs tournants et leurs bluteries par une seule machine à cylindres à broyeurs multiples, avec tamis extracteurs à va-et-vient, intégrés . Ces petits moulins sont connus sous le nom générique de « système Dardel ».

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Moulin compact. Photo Alain Mazeau.

À ma connaissance, peu de survivants de ce type. Autres machines remarquables bien que moins rares, un plansichter sur pied « Luther » et une énigmatique brosse à blé « Simonis » non installée, qui fera les beaux jours de la marque Henry Simon sous le nom de « Germinal la révolutionnaire ». D’un bond, nous voilà au saut de Gouloux, intéressante cascade aménagée pour laisser passer les bois flottés, immédiatement suivie par un bassin de regroupement où les troncs étaient liés en « trains » pour aller chauffer les Parisiens.

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Le saut du Gouloux. Photo Alain Mazeau.

Pas de sieste post-déjeuner, mais visite du moulin Caillot, belle petite minoterie hydraulique complète et dans son jus, avec le réemploi d’un très vieil appareil à cylindre Lacroix (datant des prémices de cette technique) en aplatisseur à sons.
À l’Abbaye de la Pierre-Qui-Vire, nous avons changé de dimension, nous voilà confrontés à une installation hydroélectrique que je qualifierai de parfaite, jouissant du nouveau contrat d’obligation d’achat EDF connu sous l’appellation H 07. Son obtention n’est obtenue qu’après avoir réalisé des aménagements pour améliorer le respect de l’environnement.
Nous avons découvert un champ de grilles à barreaux profilés et à écartement réduit à 2 cm, à faire rosir de plaisir la police de l’eau, mais malheureusement inutilisable sans un dégrilleur performant.

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Dégrilleur de la Pierre-Qui-Vire. Photo Alain Mazeau.

Après 31 m de chute plus bas, nous voilà dans la rutilante salle des machines où trônent deux turbines Francis à huche spirale « Dumont », fringantes quinquagénaires à asservissement, et salle de comptage du dernier cri (cf photo de dernière de couverture). Notre guide bénédictin fut brillantissime dans la technique, la pédagogie et l’humour. Passage émotion au moulin de Trinquelin, où un vieux meunier avec sa vieille belle roue Sagebien nous fit mesurer le temps qui passe.

De retour à l’hôtel, notre « patron » d’un week-end, Michel Yot, cravaté pour la circonstance, et sa charmante épouse Monique, nous avaient préparé une brillante réception avec un aréopage de personnalités triées sur le volet, présidée par Jean-Yves Chaullet, Député de l’Yonne. Notre Président Alain Eyquem, à son habitude, nous impressionna par sa facilité à magner la rhétorique.
Après un dîner de gala, Philippe Landry nous ravit par une très vivante et très bien documentée conférence sur les moulins de la Nièvre. Ce moment culturel de haut niveau a fait oublier la fatigue de l’immense journée à son auditoire.

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Salle des machines. Photo F. Bonneteaud.

Après le sommeil intense d’une courte nuit, nous voilà à Donzy, pour y découvrir le Musée du Moulin de Maupertuis où se mêlent une belle et sobre muséographie et
des ateliers pédagogiques de très bonne facture, destinés à la jeunesse.
Dans la collection, il est à remarquer un plansichter cylindrique de type Bunge assez peu commun, et un broyeur à meules captives à axe horizontal de type Titan que je connais bien car il est en cours d’expérimentation dans mon moulin pédagogique du moulin de la Pauze.
Toujours à Donzy, au Moulin de l’Isle, il nous fut présenté une belle huilerie à noix entièrement hydraulique et de conception traditionnelle : son jeune exploitant correspond tout à fait au profil des meuniers producteurs qui, nous l’espérons, feront l’avenir de nos moulins.
Après un dernier repas suivi d’une étape gourmande dans une fromagerie, nous nous quittâmes à regret, mais dans la certitude de nous revoir très bientôt en d’autres lieux molinologiques, comme au printemps prochain dans les Vosges par exemple.

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Plansichter Bunge. Photo Alain Mazeau.

Pour conclure, remercions encore mille fois nos talentueux organisateurs, Monique et Michel Yot, l’un pour sa rigueur bourrue qui nous permit de voir tant de merveilles, et l’autre pour sa douceur et son efficacité. À très bientôt sous les ailes et aux bords des biefs.

Alain Mazeau, meunier et Vice-Président de la FDMF – Paru dans Le Monde des Moulins n°47 – Janvier 2014


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