Edito
“à l’échelle cosmique, l’eau liquide est plus rare que l’or.”
(Hubert Reeves)
C’est la rentrée !
Année après année, de l’enfance à nos jours, la période estivale laisse place pour chacun à la traditionnelle reprise du cours normal de la vie quotidienne… écoliers, lycéens, étudiants reprennent le chemin des études, employés de tous secteurs rejoignent leur poste de travail, le pays dans son ensemble retrouve une activité plus coutumière. La vie associative subit elle aussi ce phénomène et la FDMF n’y échappe pas !
C’est donc la rentrée aussi pour les moulins ! L’équipe de rédaction du MONDE DES MOULINS, cependant, fait exception, puisque le numéro que vous prenez plaisir à lire s’est élaboré tout au long de l’été, grâce à l’opiniâtreté de cette équipe (restreinte !)
de bénévoles. Nous leur devons publiquement beaucoup de gratitude. La meilleure façon de les remercier serait sûrement de continuer à promouvoir notre revue, et à en développer le nombre d’abonnés ! Pensez-y…
Autre phénomène à signaler aussi : nous sommes de plus en plus sollicités par nos adhérents ou futurs adhérents, en plein été, pour des demandes de renseignements, de conseils, d’aide juridique, d’informations locales et de questions de tous ordres… C’est réconfortant puisque c’est signe de bonne santé de notre organisme associatif, mais c’est aussi une contrainte nouvelle à assumer par les plus investis d’entre nous…
Parmi les messages reçus, j’en retiendrai un qui permet d’alimenter les arguments concernant une actualité toujours aussi brûlante au sujet des contraintes imposées pour la restauration de la continuité écologique et les aménagements souvent néfastes des moulins à eau. Xavier Gence, de la dynamique Association Blaise 21 et fidèle adhérent de la FDMF, nous signale ainsi que « le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, et le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert ont présenté, en Conseil des ministres, le 9 août 2017, leur plan de gestion des ressources en eau en période de sécheresse. Parmi les initiatives présentées, le stockage de l’eau en période hivernale est envisagé. « C’est une bonne occasion de montrer que nos moulins peuvent participer utilement à ces perspectives » nous écrit-il. Si nous ne pouvons affirmer avec certitude ce que représente en m3 le volume d’eau stocké par les retenues de moulins, dont certaines agences de l’eau subventionnent à 100% la destruction, nous pouvons avancer, avec des scientifiques et experts avérés, que ces mêmes retenues ont un effet évident pour modérer les effets négatifs de la sécheresse qui semble inéluctable avec le réchauffement climatique. En effet, nos réflexions avec les experts de l’OCE (Observatoire de la Continuité écologique), avec qui nous échangeons régulièrement, nous permettent de penser que parallèlement au stockage de l’eau dont les moulins ne peuvent être un opérateur essentiel, on peut considérer que :
- le changement climatique pose la question du risque accru d’étiages sévères et d’assecs
- les ouvrages faisant office de retenues rechargent ainsi les nappes par le biais de l’infiltration et participent aussi de la préservation des zones humides menacées
- ces retenues offrent aussi, dans les pires périodes, des zones refuges qui ont une fonction comparable aux « mouilles » et fosses d’une rivière pour les poissons
- ces masses d’eau stockées, même faibles, permettent de conserver des écosystèmes riches au profit de la faune et de la flore.
Nous trouvons donc incohérent de financer sur argent public de nouvelles retenues tout en détruisant ou aménageant sans recul scientifique avéré, avec le même argent public, les anciennes retenues…
Pour rester positifs, nous souhaitons qu’un inventaire fonctionnel des retenues des bassins versants soit lancé pour quantifier ces retenues, en estimer le volume, modéliser les effets sur la nappe phréatique, analyser l’évaporation, déterminer les effets sur la ripisylve et la végétation des berges qui profitent de ce stockage, observer les retenues en étiage sévère et déterminer les espèces qui y trouvent refuge… Nous partageons cette demande avec l’OCE et nous ne manquerons pas d’en faire part lorsque le Ministre nous recevra.
Comme annoncé plus haut, c’est vraiment « la rentrée » !
Nous y sommes prêts, comme vous sûrement, sur le terrain…
Alain Eyquem
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