Edito
« Quand le passé n’est plus vivant, il n’y a pas non plus de futur. » (Philippe Sollers)
Le patrimoine comme… héritage !
La langue anglo-saxonne ne connaît pas le terme « patrimoine » et emploie le substantif « héri-tage ». Il me semble que cette idée d’héritage s’accorde bien avec la vision que nous avons de cet objet patrimonial qu’est le moulin. Comment ne pas considérer comme un héritage ce foisonnement d’évolutions techniques et technologiques, cette richesse d’usages multiples et variés qui ont été au cœur de l’économie préindustrielle, cette mine de savoir-faire, de pratiques sociales, de traditions orales qui accompagnent l’histoire des moulins à eau et à vent !
Le contexte actuel de la restauration de la dite « continuité écologique » sur nos rivières a fait prévaloir la seule vision environnementale aux dépens d’une vision plus équilibrée prenant en compte l’importance patrimoniale des moulins à eau et la dimension historique de la rivière. Focalisée sur l’aménagement des sites hydrauliques à grands coups de dépenses et de solutions techniques irréalistes et aux conséquences pas suffisamment analysées, notre administration a négligé que la rivière avait une histoire. Ports, digues, pêcheries, moulins, retenues, habitats ont façonné au cours des siècles le paysage des cours d’eau… Ces traces humaines sont autant de signes que l’illusion d’un retour à une rivière dite sauvage ne doit détruire ! Si la place des environnementalistes est indispensable pour traiter l’écologie de la rivière, archéologues et historiens sont autant légitimes pour intervenir dans tout projet. Il est anormal que les bureaux d’étude en charge de préconisations ne soient composés, dans la plupart des cas, que de personnels essentiellement environnementalistes. Les travaux que nous avons menés au sein du groupe de travail « Moulins et continuité écologique » au Ministère de la Culture et avec le Ministère de l’Environnement ont abouti à la réalisation d’une fiche technique d’évaluation de la valeur patrimoniale des moulins qui serait imposée à tout projet d’aménagement d’un site dans le cadre de la restauration de la dite continuité écologique. Nous ne pouvons que nous féliciter du soutien du Ministère de la Culture dans la vision patrimoniale des moulins souvent mise en péril par les aménagements dont nous sommes témoins. Attendons cependant de voir quelles consignes seront données pour que les choses évoluent dans le bon sens sur le terrain.
Sur le plan législatif, des avancées aussi, puisque la loi sur l’autoconsommation d’électricité et la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables a pris en considération la petite hydroélectricité des moulins. L’article adopté le 15 février 2017 (L.214-18-1) fait que les moulins existants produisant ou voulant produire de l’électricité, sur les cours d’eau classés en Liste 2, soient dispensés des règles d’aménagement définies par l’autorité administrative. Restons vigilants, les décrets d’application et les circulaires seront importants à consulter.
Que les moulins aient à voir ainsi avec la transition énergétique conforte le discours que nous avons toujours tenu devant les parlementaires et le Ministère de l’Environnement. Remercions les sénateurs et députés qui nous informent de l’évolution des textes après avoir été à l’écoute de nos positions.
Au-delà des soucis liés aux moulins à eau, la vie de la Fédération continue de plus belle avec des rendez-vous importants : les Rencontres de la FDMF en avril, à Niort, les Journées Européennes des Moulins et du Patrimoine Meulier en mai, et le Congrès en Mayenne au mois de
juin !
Ce sera un plaisir de nous retrouver à ces diverses manifestations et de continuer à construire ensemble un avenir pour nos moulins !
Alain Eyquem
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