Les moulins dans « le monde d’après » ?
Lorsque se produisent des événements de grande importance, tels celui que nous vivons actuellement avec la crise sanitaire, il convient de relativiser les conséquences produites sur la vie de notre Fédération, même s’il a fallu faire face à cette situation inédite…
La revue n°72 est arrivée tardivement dans les chaumières, les Journées Européennes des Moulins et du Patrimoine Meulier ont été reportées au 3e week-end de mai 2021, les Conseils d’Administration et les réunions du bureau se sont déroulés en visioconférences. Reporté une première fois à l’automne, le Forum-Congrès est finalement renvoyé au printemps 2021, tant les possibilités d’accueil demeurent incertaines… Un véritable chamboulement de notre traditionnel calendrier ! Notre structure a cependant réagi avec promptitude et nous avons pris les bonnes décisions en temps voulu.
Cette période d’incertitude que nous avons vécue, et que nous vivons encore à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous incite à la réflexion sur l’avenir dans de multiples domaines. Nombreux sont ceux qui évoquent « le monde d’après… » Restons prudents et réalistes cependant quant aux changements annoncés. Curieusement, les moulins peuvent distiller une petite musique plutôt optimiste sur leur avenir… En effet, lorsqu’il y a huit ans maintenant, nous avons lancé la thématique des « Moulins Producteurs »
en instituant le « Forum des Moulins Producteurs » tous les deux ans, grand rassemblement ouvert au grand public, nous avions voulu prouver combien les moulins pouvaient être considérés autrement que comme des « obstacles ».
Voilà plus d’un an maintenant, j’écrivais aussi dans l’éditorial du n° 68 du Monde Des Moulins : « Le développement des sites ouverts au grand public, les nombreux projets de restauration et d’animation de sites en devenir, l’émergence de lieux de productions de proximité, véritables niches économiques autour des produits de la meule comme les huiles, les farines et les papiers, le désir de nombreux propriétaires de produire de l’hydroélectricité en autoconsommation dans le cadre de la transition énergétique, l’ouverture de moulins-gîtes s’insérant dans les offres touristiques des territoires, autant d’initiatives qui nous laissent optimistes pour l’avenir. »
Depuis, la crise sanitaire a bouleversé notre confort, et que voyons-nous ? La pénurie de farine annoncée a provoqué un phénomène surprenant : plusieurs petits moulins sollicités localement ont à nouveau relancé les meules pour servir boulangers et particuliers. Étonnant, non ? En parcourant les pages de la revue, vous trouverez les témoignages de deux moulins qui connaissent une nouvelle vie. Ils ne sont pas les seuls sur le territoire. Il est encore bien sûr trop tôt pour savoir si ce nouveau modèle économique pourra perdurer, mais devant la volonté, la persévérance, l’enthousiasme de ces néo-meuniers, de ces usiniers modernes, nous croyons en leur avenir. Qu’ils reçoivent tous les encouragements de notre Fédération. Ils savent combien ils peuvent compter sur notre soutien. Si le « monde d’après » rétablit un juste équilibre vers les productions locales, les circuits courts, l’agro-écologie, alors les moulins auront toute leur place, modestement mais sûrement.
Pour terminer par un éclairage culturel que j’affectionne, j’aimerais citer Albert Camus, qui me semble apporter une note d’intelligence lorsqu’il écrit : « La vie est la somme de tous vos choix ». Faisons donc les bons choix.
Alain Eyquem, Président de la FDMF
Bordeaux, le 26 mai 2019
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