En explorant le sous-sol de l’ancien terrain de football Pourcin, les archéologues du service du patrimoine de Fréjus, viennent de découvrir un antique moulin à eau et des meules. L’opération, dirigée par Nicolas Portalier, a commencé à mettre au jour des aménagements enterrés, assainissement collectif et adduction d’eau, un drain pour l’argile, – un matériau imperméable et qui nécessite beaucoup de drainage.
Le terrain ayant été très arasé durant la longue période de l’Antiquité à nos jours, quelle n’a pas été la surprise lorsque, à seulement 50 cm sous la pelouse foulée par les footballeurs il y a encore quelques mois, les archéologues ont dégagé un moulin ! Les splendides vestiges d’un moulin hydraulique du Haut Empire Romain.
Fouillant encore, les passionnés du service du patrimoine ont révélé deux meules qui servaient à concasser le blé pour en faire de la farine.
« Sur cette butte surélevée, l’argile naturelle affleure et le moulin était peu enfoui. C’est une vraie surprise. Ce qui est intéressant dans son positionnement, c’est sa proximité avec l’aqueduc. La roue en bois fonctionnait à l’eau qui arrivait par une canalisation. Dans la chambre d’engrenage, le système faisait tourner deux meules. La forme est caractéristique, nous avons déjà découvert des moulins à eau lors des fouilles de l’îlot Camelin et du quartier de Mangin. Aux Poiriers, nous avions trouvé les meules, la boulangerie, le four mais pas de moulin », détaille avec enthousiasme Pierre Excoffon, archéologue et chef du service. Ce moulin servait-il donc à la boulangerie des Poiriers située à quelques dizaines de mètres ? L’eau venait-il de l’aqueduc ? Il est bien trop tôt pour le dire et les archéologues doivent réaliser les études nécessaires pour confirmer ou non toutes ces hypothèses.
La technologie ne cessait d’évoluer
« Nous avions découvert aux Poiriers un quartier entier, daté de 80 après Jésus-Christ et abandonné au troisième siècle, aménagé avec le cardo (rue romaine), des bains publics, une auberge, une blanchisserie, un entrepôt à vin, un marché et cette boulangerie, ainsi que beaucoup d’objets en céramique, os ou bronze », résume Pierre Excoffon. « Ce qui est sûr, c’est que, contrairement à ce que l’on avait longtemps pensé, l’évolution technologique n’a pas été stoppée par le fait d’utiliser de nombreux esclaves pour ce type de besogne. Les moulins hydrauliques étaient bien utilisés », confirme l’archéologue.
D’après un article de Jocelyne Joris publié le mardi 14 avril 2015 dans Var matin.
Paru dans le Monde des Moulins n°53 de juillet 2015
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