Une lettre ouverte de six pages à été écrite récemment par la Fédération Nationale pour la Pêche en France et France Nature Environnement à l’attention de Monsieur le Président de la République François Hollande.
( voir le site : www.federationdepeche.fr)
Une fois n’est pas coutume, à l’occasion de cette lettre, nous souhaitons donner notre point de vue à destination des détracteurs des moulins à eau. Cette lettre ouverte est un exemple de ce qui se dit ouvertement ou pas dans certains milieux, de ce qui est martelé au public ou auprès des élus, qui ensuite de bonne foi, répètent ces affirmations non démontrées.
Simplement :
1- Aucune Association ou même Organisme territorial n’a le monopole de la défense de l’environnement. Allons même jusqu’à dire que les meuniers ont été précurseurs en la matière puisque les prélèvements de poissons ont toujours été règlementés à leur niveau. Or ces règles remontent à quelques siècles.
2- Il semble que nous n’ayons pas en main la même DCE que d’autres personnes. En fait de notre point de vue, celle-ci a été utilisée de façon déformée depuis plusieurs années et c’est maintenant, qu’enfin, on applique le texte. Les affirmations mentionnant que l’Europe veut ou a voulu la destruction des moulins via leurs chaussées (dénommées pour la circonstance « barrages ») mériteraient d’être étayées pour être crédibles.
3- Certains n’hésitent pas à citer des chiffres. Nous notons que Madame la journaliste citée ci-dessus prend soin de préciser que ce sont des chiffres issus de l’Association qui a publié cette lettre ouverte. Nous pouvons citer d’autres statistiques, à commencer par le fait que nous sommes très loin d’une exploitation à 95 % des cours d’eau, et pour cause…. Faut-il rappeler les attaques en Justice de FNE ou de ses Associations adhérentes contre des propriétaires ou contre des préfets ? Ce qui bloque les rénovations, mises aux normes et production, faute de suffisamment d’argent pour financer à la fois les procédures juridiques et les travaux utiles. Sans oublier les problèmes de santé que cela déclenche chez les propriétaires de moulins qui voient leur bien attaqué, vilipendé, mis à mal.
4- La lettre ouverte regrette la suspension de ce que beaucoup appellent « arasement » des barrages (EDF) de la Sélune. En oubliant de faire la différence entre un barrage EDF et un ouvrage lié à un moulin à eau. A notre connaissance, les pêcheurs Manchois seraient plutôt satisfaits, tout comme les défenseurs de l’environnement au Mont Saint Michel car ces « décideurs » pressés n’expliquent pas comment ils proposent de gérer matériellement et financièrement le déblocage de la pollution actuellement retenue par ces barrages dans le délai qu’ils veulent imposer, ni la libération des carnassiers. Peut-être parce qu’il ne s’agit que d’un arasement, pas d’un retrait ? Mais alors, à quoi sert d’ « araser » ?
5- Défense de l’environnement veut-il dire mépris de l’humain dans l’esprit de ceux qui se disent spécialistes en défense de l’environnement? Oublient-ils les nécessités du monde agricole en eau ? Oublient-ils que les chaussées des moulins permettent une régulation de l’eau pour tous, et l’entretien des nappes phréatiques ?
Dans le même temps, ils ne bougent pas pour empêcher les cultures donc les épandages au ras des biefs. Pourtant combien de kilomètres de biefs subissent les pesticides divers, lesquels rejoignent les cours d’eau avec l’eau du bief ?….
6- On voit souvent citée l’expression « continuité écologique » laquelle est maintenue quoi qu’on en dise, fort heureusement. Et si nous parlions plutôt de qualité de l’eau ?
7- Les détracteurs des moulins utilisent un vocabulaire imprécis, ce qui gêne une bonne compréhension pour les lecteurs. Ainsi, un barrage est un ouvrage qui bloque tout passage, quel qu’il soit. Un seuil est une pièce de bois. Les moulins ont des chaussées qui régulent le passage de l’eau. Qu’un fonctionnaire ait décidé de modifications de signification du vocabulaire n’implique pas que ce soit la réalité.
Souvent on lit ainsi des affirmations qui ne sont pas démontrées. C’est grave. Pense-t-on vraiment que les ouvrages créés depuis des siècles sont assez puissants pour bloquer l’eutrophisation ? Quelle publication scientifique sérieuse soutient cette thèse ? Heureusement pour notre bonne vieille terre, il lui en faut plus pour être vaincue.
Ceux qui ont vécu dans ou près d’un moulin savent que c’est à proximité de leurs ouvrages que les frayères s’installent, que les saumons se cachent, et c’est là que se nichent les anguilles. Les propriétaires de moulins protègent toute cette faune piscicole au minimum par notre présence sur place. De même qu’ils tentent de protéger les oiseaux, les batraciens et les abeilles ou autres chauve-souris.
Ces Associations prétendent que l’approche « rénovation des moulins pour l’hydroélectricité » ne peut être qualifiée de durable. C’est bien mal connaître le sujet. Les moulins sont source d’emploi à divers titres et d’emplois dans le monde rural, qui plus est. Des emplois directs, sur place, et des emplois indirects par les besoins en Etudes, génie civil, techniques hydroélectriques et hydrauliques. Sans parler des activités annexes : restaurants, gîtes, fabrications diverses… Mais bien sûr, s’il faut mettre ses économies dans les procédures juridiques pour se défendre, que reste-t-il ensuite pour l’économie productive ?
D’autres détails montrent qu’il serait préférable de se renseigner :
Les ouvrages sont aussi sur des fleuves, pas seulement sur des ruisseaux
Un canal n’est pas un cours d’eau. Résultat la loi ne défend pas l’eau, il n’y a aucune bande enherbée si l’agriculteur est peu scrupuleux. Et personne ne s’est manifesté pour aider les propriétaires de moulin à défendre l’eau.
Aucune bande enherbée non plus le long des Zones Humides. Idem, les propriétaires de moulins se battent tout seuls. Où êtes-vous, vous les spécialistes de la défense de l’environnement ?
Et d’ailleurs, 5 mètres, c’est insuffisant. Les pesticides se répandent par la voie aérienne. Cela est du vécu. Pas des théories basées sur des dogmes.
Forts de notre respect des instances républicaines et de notre engagement pour la défense du patrimoine et de l’environnement, nous remercions l’Europe de soutenir la défense de l’eau en préservant le capital hydroélectrique ainsi que l’énonce clairement la Directive Cadre sur l’Eau de l’année 2000.
Il serait bien que nous regardions tous dans la même direction au lieu de polémiquer pour détruire les autres acteurs de la défense de l’environnement.
0 commentaire