Le site des Moulins de France
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Co-organisé par le LARHA-UMR CNRS 5190 et le ROMISCH-GERMANISCHES ZENTRALMUSEUM
Maison des Sciences de l’Homme. Alpes.
Au coeur du domaine universitaire de Grenoble, la maison des Sciences de l’Homme Alpes est à la fois un espace de travail, de rencontre et d’échanges pour les acteurs de la recherche et un outil de politique scientifique de site.

LE THEME : Les meulières : recherche, protection et valorisation d’un patrimoine industriel européen (Antiquité – XXIème siècle)

Les meules “pierres de la vie”, “pierres à pain” ont joué un rôle fondamental dans le processus alimentaire de l’humanité. Depuis la préhistoire jusqu’aux périodes les plus récentes, les meules de moulins ont joué un rôle primordial dans le processus de fabrication de la farine, élément essentiel dans l’élaboration de l’aliment principal des populations européennes : le pain. L’objet de ce colloque portait principalement sur l’étude des meulières tant aériennes que souterraines en France mais aussi en Europe. Des conférences ainsi que des visites sur le terrain ont permis aux participants de se rendre compte de l’importance de ce patrimoine culturel.

Les interventions communiquées avec passion par des chercheurs ayant une solide expérience de terrain ont été très enrichissantes pour tous les participants de ce colloque, lesquels venaient des Etats-Unis d’Amérique, d’Irlande, de Slovénie, d’Allemagne, de Suisse, de Suède et de Grande-Bretagne montrant ainsi l’intérêt scientifique et quasi universel porté aux meules.

Le site remarquable du Mont Vouan en Haute Savoie. photo Y. Ruel

Les interventions ont ainsi dépassé le simple cadre du territoire national et ont également porté sur les carrières de meules à main du dernier âge du Fer dans les moyennes montagnes d’Allemagne ; les meulières souterraines
de Niedermendig ; les meules et moulins autour de la mer Rouge ; les meulières rhénanes de la préhistoire au Moyen Age ; les moulins, meules, meulières et carrières de meules dans l’Italie médiévale ; une colline forte de 50 mines à meules à Lugnas en Suède ; les pierres, les hommes et les boeufs, mémoires sur le travail dans les carrières de pierres à moulins en Slovénie ; les carrières romaines de meules manuelles en Suisse ; la protection, la propriété et la mise en valeur des carrières de meules en Amériques.

Ce colloque a notamment permis d’analyser l’état des connaissances concernant les divers sites répertoriés en France à différentes périodes. Il est à noter que bien que de nombreuses études aient traité des carrières de meules en France, nous ne disposons que de peu d’informations sur les périodes anciennes du néolithique à la fin de la période gallo-romaine.

Les découvertes des sites meuliers se font inopinément ou suite à des recherches d’archives. De nombreux chantiers restent à entreprendre afin de sauvegarder ce patrimoine culturel.
Il résulte des diverses interventions que de nombreux vestiges ne sont que répertoriés et continuent à se dégrader faute d’une réelle volonté politique de la part des pouvoirs publics.

Carrière de Claix près de Grenoble – photo Y. Ruel

Ce colloque a été placé sous le signe de l’interdisciplinarité entre notamment l’archéologie, l’histoire, l’ethnologie, la géologie, etc… Des travaux remarquables ayant trait aux meules ont été publiés dans ces disciplines.

Le sujet le plus sensible a été la conservation et la mise en valeur du patrimoine meulier. Ceci a été particulièrement réussi en Suède, en Allemagne et aux Etats-Unis d’Amérique.

En France, les exemples sont contrastés. Les carrières d’Epernon ont bénéficié d’un contexte favorable : une association de bénévoles motivés et un soutien des collectivités locales. C’est ce partage de compétences qui a contribué à une réalisation vivante et dynamique dans le cadre d’un conservatoire des meules et pavés du bassin d’Epernon. De nombreuses activités ont été mises en place afin de faire découvrir le site. Ainsi, depuis quatre
années, des visites guidées, sur les chemins créés par les sociétés de carriers lors de l’extraction, sont organisées.

Thibaut GABORIT, responsable de l’antenne Charente, a, au cours de son intervention, souligné la politique volontariste menée par le Conservatoire régional Poitou-Charentes des Espaces naturels dans la protection et la gestion des espaces naturels et des paysages menacés de disparition, en particulier s’agissant des meulières de Claix, Chaumes du Vignac en Charente. La réserve naturelle du Pinail créée en 1980 illustre également cette
volonté de mise en valeur et d’animation.

A Vic Le Conte, les sondages ont permis de mettre au jour deux abris de carriers. Les ébauches de meules abandonnées en cours de réalisation ont apporté de précieux renseignements sur les différentes étapes de l’extraction ainsi que l’a expliqué Ulysse CABEZUELO au cours de son exposé. Si le site repéré a été protégé, sa mise en valeur a été différée car la municipalité n’a pas donné suite. Souhaitons que ce ne soit que partie remise.

Les meulières du Vouan (Haute Savoie), dont nous avons pu apprécier l’importance de visu, mériteraient une mise en valeur qui est actuellement à l’étude par l’association Paysalp. Le site est particulièrement intéressant par son ampleur mais également parce qu’il pourrait montrer un ensemble complet de l’extraction de la meule.

Le cas de la Ferté-sous-Jouarre que la Fédération a encouragé en vain depuis le dernier colloque en 2002 est encore à l’état de simples déclarations d’intention. Le temps presse car des vestiges ont été depuis “effacés” à cause de l’inertie des collectivités locales. Il est très regrettable que ce site ait été en partie détruit. La Ferté-sous-Jouarre a été le plus important site meulier français ayant un rayonnement international. Il serait dommage que ce témoignage ne soit pas préservé, mis en valeur et animé pour les générations futures. La collection de Jacques Beauvois, mémoire du travail des carriers, attend un écrin digne de sa richesse ! Souhaitons que les exemples  réussis comme Epernon donnent des idées et apportent à la Ferté-sous-Jouarre la volonté d’agir avant que la mémoire ne disparaisse à jamais.

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Extraction de la carrière – photo Y. Ruel

Nous remercions M. Alain Belmont et son équipe ainsi que le conseil scientifique qui ont grandement contribué à la réussite de ce colloque riche d’échanges interdisciplinaires et internationaux.

La FDMF, partenaire de ce colloque, a activement participé aux échanges démontrant ainsi son implication active dans ce genre de manifestation. Jean-Pierre AZEMA, vice président FDMF a fait un communiqué sur les carrières souterraines de meules du TARN et de l’AVEYRON. Sept membres de la FDMF ont suivi les débats. En clôture du colloque le président FDMF Yves Ruel a souhaité qu’un réseau d’échanges soit créé et a invité les participants à rester en contact avec la FDMF pour monter des projets communs dans le cadre européen pour la sauvegarde, la mise en valeur, du patrimoine des moulins.

Jean-Louis Zerr

Article paru dans le Monde des Moulins – N°15 – janvier 2006


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