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Dans la Communauté de Communes de la Gascogne Toulousaine (CCGT)*, il ne reste que des vestiges de moulins à eau et à vent. Mais combien ont existé ? Comment faire un recensement exhaustif avec nom, localisation, période d’existence, etc ? On peut le réaliser en consultant les cartes de Cassini (fin XVIIIe siècle), les cartes du cadastre napoléonien (1825 pour la CCGT), les matrices cadastrales et les cartes IGN récentes. Nous avons complété par des déplacements sur le terrain et des témoignages. La recherche a été faite commune par commune. Elle a permis de répertorier environ 50 moulins, dont sept à eau. Le tableau ci-contre détaille les résultats.

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Moulin  Chabanon à L’Isle-Jourdain – Photo JL.Hérisson

 

On peut constater qu’il y a six fois plus de moulins à vent que de moulins à eau. Cela peut s’expliquer par le faible nombre de cours d’eau et par la dispersion des communes. À L’Isle-en-Jourdain, douze moulins à vent ont existé en plus du puissant moulin à eau sur la Save, affluent de la Garonne. Il fallait sans doute pallier l’absence d’eau dans cette région qui connaît d’importantes périodes de sècheresse estivale.

Sur la carte de Cassini ne figurent que 23 moulins à vent. Cela suggère que beaucoup ont été construits après la Révolution. Sur les onze vestiges postérieurs à la carte napoléonienne, dix n’ont pu être repérés que par recherche personnelle. À L’Isle-en-Jourdain, 8 sur les 12 moulins à vent n’apparaissent pas sur la carte de Cassini, et seulement 3 n’apparaissent pas sur la carte napoléonienne établie en 1845. Il semble donc qu’on ait construit des moulins tardivement.

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Moulin à vent de Cassemartin à L’Isle-Jourdain après transformation en habitation – Photo JL.Hérisson

 

Si la carte IGN est précieuse pour repérer des ruines, elle n’indique que 9 moulins à vent parmi les 43 qui ont existé, la plupart ont totalement disparu. Il est donc prudent d’en tenir compte dans un inventaire.

Cette recherche est-elle exhaustive ? Pas totalement. Évidemment, il peut y avoir des erreurs de ma part mais aussi sur les cartes. Pour les cartes de Cassini, la localisation par commune est difficile, car le découpage du pays en communes n’existe que depuis la révolution de 1789. Les entités communales, les paroisses, les abbayes, etc., sont indiquées au même niveau, ne sont pas délimitées, et leur nom a souvent changé lors de la Révolution.

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Moulin à vent de Razengue (tout le mécanisme intérieur est effondré au rez-de-chaussée) – Photo JL.Hérisson

Les cartes du cadastre napoléonien de la CCGT ont été révisées en 1845 pour L’Isle-Jourdain et n’ont pas été mises à jour depuis. Elles sont assez précises. La commune de Goudourvielle a été rattachée à celle de Lias en 1827 (et les cartes napoléoniennes ont été perdues. Or il y avait des moulins sur cette commune. Nous avons trouvé un moulin à vent à Pujaudran (il reste la bâtisse) qui n’est sur aucune des 3 cartes.

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Moulin à eau de Marestaing  – Photo JL.Hérisson

 

La difficulté de cette recherche est qu’il y a des périodes où un moulin a pu être construit et démoli. Entre la carte de Cassini et la napoléonienne, il y a environ une cinquantaine d’années, ce qui nous permet de penser qu’il y a eu peu de changements. Mais entre les cartes napoléoniennes et aujourd’hui, il y a 150 à 200 années ; il a pu y avoir de multiples modifications. Les matrices cadastrales couvrent plus ou moins bien cette période. Leur consultation est lourde et difficile, mais nous avons trouvé trois moulins à vent à L’Isle-Jourdain sans beaucoup de précisions. Une autre difficulté est le repérage des très petits moulins à eau sans bief, avec une roue horizontale directement dans le courant d’eau de petits ruisseaux (moulins complémentaires aux moulins à vent). Ils ne sont pas sur les cartes mais ils ont bien existé, d’après un témoignage concernant un moulin à Marestaing.

En conclusion, il est impressionnant de voir le nombre élevé de moulins ayant existé par rapport au peu qu’il en reste, mais le repérage ne doit pas être loin de la réalité. Il est important de faire une prospective sur le terrain.

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Je remercie Michel Sicard pour ses encouragements.

Jean-Louis Hérisson

Article extrait d’un texte de Jean-Louis Hérisson, paru dans le bulletin n°28 de 2016 de l’Association archéologique et historique de L’Isle-Jourdain. Dans le bulletin n°21 de 2008, il avait publié ses travaux sur le moulin à eau de L’Isle-Jourdain devenu une minoterie importante de 1910 à 1990.

* La CCGT comprend 14 communes qui appartiennent soit au département du Gers (13 communes, la plupart du canton de L’Isle-Jourdain), soit à celui de la Haute-Garonne (commune de Fontenilles, du canton de Saint Lys).

Paru dans Le Monde des Moulins n°62 – Octobre 2017

Catégories : Histoire

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